Réussir quoi ? Telle
serait d'abord la question à se poser. Si Nantes parvenait à être
exemplaire au niveau international, en matière de démocratie
directe, de justice sociale, d'harmonie écologique, dans la fidélité
à ses traditions de créativité sociale et d'insubordinations
(l'optimisme vernien, le surréalisme, mai 1968, la grève générale,
le catholicisme social et ses héritages laïcs, l'alliance des
paysans et des ouvriers, le refus de la tentation raciste et du repli
ethniciste...), ce serait déjà une belle ambition portant du sens.
Mais s'il s'agit de se
faire aussi grosse que le bœuf, et se vouloir capitale impériale...
de « challenger » Rome plutôt qu'Athènes la
philosophe...
Précipiter les sociétés
civiles dans la concurrence effrenée des territoires, au lieu de
penser coopération mutuelle, est-ce le rôle d'élus de gauche ?
Privilégier la quantité
à la qualité, en pleine post-modernité, est-ce bien raisonnable ?
Employer sans vergogne le mot anglo-saxon « challenge »
qui signifie « défi », et même « sommation »
en termes militaires, comme paradigme néo-capitaliste de la
compétition de tous contre tous ?
Quitte à commettre des
bêtises historiques « hénaurmes » (comme le choix d'un
aéroport mégalo au lieu d'une ligne de train à grande vitesse
venant jusqu'à Nantes) ?
Mais quel est le but
véritable de cette course à la grosseur ?
Faut-il l'avouer
maintenant à l'opinion publique, Johanna Roland ?
Qu'est-ce qui fait vous
fait courir, vous et vos équipes de professionnels de la politique
locale ?
Ne serait-ce que
l'accumulation primitive de la rente fiscale locale, féodalisée et
clientélisée par la décentralisation mitterrandienne, centrée sur
les rares sanctuaires métropolitains qui seront consacrés par la
nouvelle bourgeoisie mondialisée, comme pôles de croissance indexés
sur la désertification de leurs régions proches ?
Loin, si loin de la
Bretagne et de la Loire...
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