Ce
qu'il faut préciser également, c'est que le journaliste de
Presse-Océan qui raconte cela ce lundi matin 29 septembre
2014, apparemment ravi de cette escapade touristico-culinaire un peu
décadente, n'a semble-t-il pas lu son propre journal, qui la semaine
précédente avait pourtant eu l'idée prémonitoire de demander
pourquoi cette ancienne prison tellement chargée d'histoire n'avait
pas été ouverte au public pour les Journées du patrimoine.
Ce
à quoi la réponse officielle avait alors allégué d'impératives
raisons de "sécurité". On constate donc qu'il n'en était
rien (C'est ainsi qu'à Nantes, l'argument sécuritaire peut
également servir à duper les naïfs, on s'en souviendra). Bien au
contraire, puisqu'on peut s'y enivrer entre riches – si toutefois
on est solvable et sélectionné entre privilégiés –
en compagnie
d'étudiantes choisies pour leur physique et déguisées en matons
avec un goût exquis, tout en se faisant livrer des repas de luxe.
Il
faut également souligner cette particularité nantaise : lorsque des
prisons neuves ont été construites dernièrement à la périphérie
des agglomérations, là où l'on ne veut plus voir ces indésirables,
plusieurs villes, comme à Lyon, ont tenu à marquer l'histoire
névralgique des prisons désaffectées, ces anciens lieux de peine,
par des opérations d'ouverture au public, et d'expositions associant
la culture artistique inspirée par ces sites, et la restitution de
leur complexité historique. Ne pensons qu'à la célèbre prison
Montluc à Lyon, où furent martyrisés tant de Résistants, dont
Jean Moulin.
On
a honte de redire ici qu'il serait indigne que cette ancienne prison
Lafayette à Nantes puisse être détruite par des promoteurs cupides
sans marquer la trace des nombreux Résistants nantais qui y furent
conduits à l'échafaud, et que les plaques commémoratives encore
actuellement visibles soient jetées à la décharge, sans être
réemployées et replacées sur le futur bâtiment neuf, comme il se
doit, sans parler de la mémoire de tant de détenus de droit commun.
Mais
il nous reste quand même une grande satisfaction, en cet automne
2014, celle de mesurer la bonne santé de la jeune bourgeoisie
triomphante de Nantes, qui se fait ouvrir un lieu qui est encore
propriété publique, ces quadras montants qui partent à l'assaut du
monde avec entrain, et qui font preuve d'une distinction rare dans le
choix de leurs divertissements, une élite future qui nous invite
irrésistiblement à lui confier les yeux fermés la marche de la
Cité, car voici enfin de vrais gagnants pour notre époque moderne,
des jeunes gens de bonne famille qui ne semblent retenus ni par le
sentiment de pudeur ni par celui de dignité.
Sur
ce sujet, voir aussi cette note du blog d'Eric Chalmel :
http://etatsetempiresdelalune.blogspot.fr/2014/09/la-nouvelle-vache-enragee.html?spref=fb
Voir aussi : http://www.presseocean.fr/actualite/nantes-retour-en-images-sur-le-diner-en-prison-29-09-2014-129160
RépondreSupprimerLa référence de l'article de Presse-Océan qui indiquait que la prison était fermée au public pour raison de sécurité. http://www.presseocean.fr/actualite/nantes-la-prison-fermee-au-public-presse-ocean-vous-ouvre-ses-portes-19-09-2014-127535
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