À
propos de la police nantaise, dans le journal Le Monde daté
d'aujourd'hui 11 juillet 2014.
Ainsi,
nous n'étions pas seuls à nous étonner des nouvelles méthodes de
la police nantaise contre les anti-aéroport...
Voir
notamment à ce propos notre chronique de mardi dernier :
« Policiers et juges nantais fragilisés cet été par les
suites du 22 février. - En ce début juillet 2014, la police et la
justice nantaise commencent à inquiéter singulièrement les
partisans de la Loi et de l'Ordre républicain. - Quatre dérives. »
Et
puis aujourd'hui vendredi 11 juillet, Le Monde consacre une page et
deux articles de Laurent Borredon à ce sujet étonnant : « A
Nantes, le zèle de la police contre l'ultragauche. - Une cellule
spéciale traque les casseurs de la manifestation du 22 février
contre l'aéroport. »
On
l'a compris désormais, la police nantaise, ayant étrangement
renoncé à dissuader et à identifier les auteurs d'incendie et de
destructions du 22 février dernier à Nantes, au cours d'une journée
qui s'apparente de plus en plus à une grossière manipulation
d'État, a entrepris plusieurs mois après les faits de fournir
abondamment la justice locale en chair à prison.
Comment ?
en puisant généreusement dans ses fichiers de militants
anti-aéroport, en ciblant notamment ceux qui seraient préalablement
fragilisés par un casier judiciaire. Il ne restait plus qu'à les
surprendre à leurs domiciles. Au risque de l'erreur judiciaire et du
déni de justice : pourquoi s'acharner si tard sur des
lampistes, auteurs de faits mineurs, parfois d'ailleurs étrangers au
22 février, et dont la culpabilité n'est souvent même pas
certifiée ?
Ce
reportage du Monde nous apprend ainsi que la police nantaise s'est
mise en grand train pour traquer l' « ennemi intérieur »
anti-aéroport, au risque de négliger d'autres formes de délinquance
plus urgentes en ces temps troublés par la montée de
l'extrême-droite et de la délinquance financière en col blanc :
« Les moyens ont été débloqués en conséquence, avec un
groupe d'enquête spécifique au sein de la sûreté départementale
de Loire-Atlantique. Onze personnes détachées à plein temps, dont
un fonctionnaire du renseignement territorial, un autre de l'identité
judiciaire ou encore un policier des services techniques. »
L'identification
des militants anti-aéroport repose essentiellement sur « des
images du défilé. », mais comme croit l'affirmer pudiquement
Le Monde, « la méthode a ses limites ».
Ainsi
dans cette affaire d'un jeune homme soupçonné de dégradations sur
la mairie de Nantes et une agence Vinci.
Comment
a-t-il été repéré ? Par des moyens qui évoquent plus un
pays en état de siège qu'une démocratie républicaine :
« Comment les policiers ont-ils mis un nom sur les photos ? Son
dossier judiciaire ne le précise pas. Mais Le Monde a
constaté que la Direction centrale du renseignement intérieur
(DCRI), devenue Direction générale de la sécurité intérieure
(DGSI) le 12 mai, a constitué un épais album photographique sur les
militants locaux. »
Or,
indique Le Monde, « Les photos sont trompeuses, notamment
celles qui le montrent au seuil de l'agence Vinci, un fumigène à la
main. Les vidéos, elles, prouvent qu'il a en fait sorti le fumigène
qui avait été jeté dans l'agence, ce que confirme un témoin
direct au Monde : " Il y avait un risque d'incendie,
alors que des gens se trouvaient sur le balcon au dessus. " »
Bref,
ce jeune homme est inquiété pour avoir peut-être tenté d'éviter
un incendie ? C'est le monde à l'envers... Il est vrai que
Manuel Valls à l'Intérieur attendait avec impatience les images spectaculaires des
flammes pour donner le ton des commentaires aux journaux télévisés
de la fin de la journée ! Rien n'était trop beau pour
discréditer 50 000 manifestants.
Conclusion
du Monde : « Les policiers ont dû renoncer à lui
attribuer l'incendie, mais il est resté poursuivi pour participation
" avec arme " (le fumigène) à un attroupement. » »
Dans
le second article, intitulé avec une ironie contenue « L'
attroupement armé " était un pacifique " banquet " »,
le journaliste du Monde raconte que des militants anti-aéroport,
passagers d'une voiture, peuvent se retrouver (par hasard?)
interpellés par la police, et découvrir « qu'ils sont là
aussi pour " association de malfaiteurs " sans plus
de précision ».
Et
ce n'est pas fini, conclut Le Monde : « En comparution
immédiate, le 19 juin, ils découvrent ce qu'on leur reproche : une
" association de malfaiteurs en vue de préparer un
attroupement armé ". L'attroupement armé, c'est la
manifestation de soutien à R. qui a lieu au même moment devant le
tribunal. Alors que le rassemblement pacifique – un "
banquet, foot, sound system " – a lieu devant le palais de
justice, les trois jeunes comparaissent donc dans le tribunal pour sa
préparation. L'audience a été renvoyée au 18 juillet. "
Il n'est pas certain que l'association de malfaiteurs tienne ",
estime une source proche du dossier. »
Et
oui, mais pourquoi ne pas les accuser de terrorisme, tant qu'on y
est, puisque tout est permis s'il s'agit de militants de gauche
anti-aéroport ?
En
tous cas, l'OBSLAB (Observatoire laboratoire de la démocratie
locale), est en mesure de confirmer que toute cette guérilla
judiciaire est suivie au plus près par les plus hauts fonctionnaires
de la police.
Car
hier jeudi 10 juillet, au sortir du palais de justice de Nantes, alors qu'un autre
militant anti-aéroport venait de prendre trois mois ferme, que
vit-on passer sur place (notre photo exclusive) ?
Monsieur
Jean-Christophe Bertrand, himself, directeur départemental de
la sécurité de Loire Atlantique, déjà connu pour ses déclarations
à l'emporte-pièce à Mediapart, après le 22 février.
Voir
notamment :
Sur
la photo, on voit qu'il repart alors qu'un dernier groupe de
militants est toujours face à un rideau de gendarmes, à l'arrière
plan.
Mais
sans doute qu'il ne passait par là que par hasard pour profiter du
soleil en bord de Loire, avant de retourner à son bureau au
commissariat central ?
La stigmatisation st une vieille tactique totalitaire. Les plus faibles morflent. Les plus cons s'en sortent.
RépondreSupprimer"Ennemi de l'intérieur" (si c'est vraiment le terme utilisé au sein des services policiers). Cela rappelle quelque chose.
RépondreSupprimer"L'armée des ombres" est repassée cette semaine à la télé. Intéressant sur la mentalité du gouvernement.