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mardi 8 juillet 2014

Policiers et juges nantais fragilisés cet été par les suites du 22 février.


En ce début juillet 2014, la police et la justice nantaise commencent à inquiéter singulièrement les partisans de la Loi et de l'Ordre républicain. - Quatre dérives.

On sait que lors de la grande manifestation des anti-aéroport du 22 février à Nantes, un emballement médiatique irrésistible permit au gouvernement de désigner les 50 000 manifestants pacifiques comme des criminels et des vandales, voire même selon un préfet qui n'a pas peur du poids des mots de « vitrine légale d'un mouvement armé » !

Or, l'opinion publique a vite compris que les forces de l'ordre avaient laissé faire quelques destructions spectaculaires en début d'après-midi dans le centre-ville de Nantes, notamment des départs de feu qui étrangement ne furent pas éteints, ce qui permit de fournir de belles images pour les journaux télévisés.

Ce constat d'inaction, ce n'est d'ailleurs pas nous qui le faisions, mais un syndicat de policiers.

Mais ces policiers auraient pu souligner cet autre fait troublant : non seulement les petits groupes spécialisés dans la destruction ne furent pas inquiétés dans leurs œuvres, mais les centaines de policiers en civil déployés à l'intérieur de la manifestation ne firent rien pour les identifier avant leur précoce dispersion.

Ainsi ce double acte manqué originel allait entrainer fatalement la police et la justice nantaise vers une dérive fatale.

Première dérive : après avoir laissé partir les groupes spécialisés de destructeurs, il fallait quand même montrer ses muscles, ce qui fut fait d'autant plus brutalement que l'Etat voulait compléter la dramatisation de la journée en prouvant qu'il serait désormais dangereux de manifester son opposition pacifique à l'aéroport, en tirant des centaines de projectiles sur une foule désarmée, dont trois ont mutilé à vie des jeunes gens.

Deuxième dérive : laisser à la police le soin de collecter les témoignages et traces vidéo disponibles, une police ainsi juge et partie de ces événements où elle est impliquée, au lieu de confier l'enquête à un juge d'instruction indépendant.

Troisième dérive : faire taire les policiers républicains tentés de critiquer les errements de leur hiérarchie, d'abord en les invitant à porter plainte en masse (!), puis en tentant d'acheter leur conscience avec une prime.

Quatrième dérive, et non la moindre, car il s'agit désormais des magistrats de Nantes : Alors que l'opinion publique chauffée à blanc réclamerait peut-être des coupables, et que les quelques personnes arrêtées en flagrant délit n'étaient pas les bonnes (et pour cause, si on les a laissées partir), les juges de Nantes ont décidé dans les semaines suivantes de condamner avec une sévérité anormale les « lampistes » que la police lui fournit au compte-goutte, en puisant dans ses fichiers de militants anti-aéroport.

Il en résulte des mois de prison de ferme, avec parfois mandat de dépôt immédiat sans possibilité de faire appel, pour des délits, parfois sans rapport avec la manifestation du 22 février, comme hier lundi 7 juillet au tribunal, où un homme accusé d'attroupement violent en manifestation se retrouve emprisonné pour un vol de livres et de nourriture dans un magasin et refus de prélèvement ADN... Mais l'important semble être d'incarcérer, coûte que coûte.

Tout cela est-il bien raisonnable, se demanderont forcément les défenseurs de la Loi et de l'Ordre, si ces mots ont encore un sens à Nantes ?

Car la sévérité de ces peines interroge sur la sérénité judiciaire à Nantes (dans une enceinte qui ces dernières années n'avait pas osé condamner un policier ayant expérimenté son flash-ball lanceur de balle de défense sur le visage d'un enfant manifestant.)

 

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