Aéroport à Nantes contre LGV à Rennes ?
Texte diffusé le 23 février 2014.
Il
faudrait prendre de la hauteur au delà des événements d'hier qui
heureusement n'ont pas fait de blessés graves, on l'espère (c'était avant qu'on apprenne petit à petit les dramatiques violences policières qui ont rendu infirme un jeune manifestant, puis au moins deux autres), et comparer
les stratégies de désenclavement comparées de Nantes, Bordeaux et
Rennes.
Ces deux dernières villes ont choisi de faire contribuer toute
la collectivité nationale (à hauteur de 2 milliards sur 3 pour Rennes !)
pour la prolongation de leur TGV/LGV, tandis que le
pays nantais reste toujours sans vrai TGV et se cotiserait lui pendant
trois générations pour payer les déficits de fonctionnement d'un
aéroport mal pensé dès le début...
Ceci ressemble à une obstination
coupable. Pour la ville de Jean-Marc Ayrault, le déclassement sera cruel
car elle sera nettement moins bien reliée que Rennes et Bordeaux à
Paris et aux réseaux internationaux.
D'autre part dans cette affaire, la
nouvelle réalité ferroviaire de Rennes tend à déconnecter Nantes de son
hinterland, au Nord avec l'axe Sablé-Laval raccroché à Rennes (avec
l'argent de la région Pays de la Loire, trop bonne !) et surtout à
l'ouest avec la perte dramatique de la cohérence traditionnelle
économique et humaine de l'axe Nantes-Lorient-Quimper-Brest.
En effet,
les Rennais ont réussi à faire payer très cher les départements du
Finistère et du Morbihan pour leur LGV (avec d'ailleurs un vrai projet
d'urbanisme ferroviaire-métro et de quartier d'affaires en plein cœur de
Rennes, pas à 40 km dans les landes...) et un projet de modernisation
du train entre Rennes et le Morbihan. Ainsi Nantes perd son rayonnement
multi-séculaire sur le sud Bretagne (il serait temps que les
bretonnisants de la liste Johanna Roland s'en aperçoivent, chers amis de
l'UDB) et déstabilise pour rien son industrie aéronautique à
Château-Bougon, une génération après avoir laissé partir la navale...
C'est cette analyse que la Chambre régionale des comptes aurait pu
conclure d'une expertise séreuse du dossier NDDL, qu'elle n'a pas osé
engager. Et c'est ce que nous aurions aimé dire à Ouest-France et à
Presse-Ocean s'ils avaient consacré une enquête plus approfondie à notre
interpellation de la Chambre régionale des comptes, mardi dernier. Bon
dimanche.
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