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mardi 13 mai 2014

Air France lâche NDDL, et c'est pas tout... il y a aussi la LGV !


Il a déjà suscité bien des commentaires, ce micro-interview de Frédéric Gagey, PDG d'Air France, paru hier 12 mai 2014 en toutes éditions dans Ouest-France. En effet, à une question sur le projet de Notre-Dame-des-Landes, s'il évoque l'hypothétique intérêt de ne pas survoler Nantes, le grand patron d'Air France sonne clairement le signal d'un désaveu face à toutes les tentatives technocratiques de justifier le projet : « En revanche, l'idée d'un grand hub international entre Nantes et Rennes, on n'y croit pas trop. Nous ne pensons pas qu'il y ait un potentiel suffisant ».
Autant dire que nous sommes devant la perspective désastreuse d'une vaste et coûteuse plateforme aussi inutilisée que l'aéroport mort-né de Ciudad Real en Espagne. N'en déplaise aux aventureux aménageurs-bétonneurs des milieux dirigeants locaux.
Mais il y a un autre élément très intéressant dans ce bref entretien, c'est que le journaliste Samuel Nohra pose aussitôt une très pertinente et impertinente question en évoquant la ligne grande vitesse qui va mettre Rennes à 1h27 de Paris dès l'année 2017, et qui pourrait amener Air France à « revoir sa stratégie », c'est à dire à remettre en cause des lignes Paris-province, si « la France a fait le choix de développer le train à grande vitesse ».
Or, en confrontant le projet de NDDL et celui de la LGV entre Paris et Rennes, le journaliste rejoint une préoccupation répétée depuis leur création par les « Entretiens de la Perle » et notre OBSLAB, Observatoire et laboratoire de la démocratie locale.
Nous faisions remarquer le contraste troublant entre une cigale et une fourmi : entre le projet gabegique d'un aéroport à Notre-Dame-des-Landes, comme une nouvelle « folie » aristocratique de notables nantais, 300 ans après les fastes négriers, et la sagesse opiniâtre de Rennes – et de Bordeaux ! - où l'on a compris l'intérêt du train à grande vitesse pour s'accrocher solidement aux flux économiques et humains rattachant à la dorsale européenne Londres-Milan.
Alors que le TGV Nantes-Paris, on le sait, ne circule plus en grande vitesse à partir du Mans, les Rennais ont réussi le tour de force de réunir environ trois milliards d'euros pour rallonger la voie jusque chez eux, en en faisant payer les deux tiers par la collectivité nationale. Tandis que le pays nantais patine et risque gros à régler seul les chausses-trappes de son Partenariat avec Vinci.
Quand au milliard à ajouter pour son LGV, Rennes a réussi à convaincre les départements Bas-Bretons de mettre la main à la poche, jouant superbement son rôle de capitale régionale, y compris les Bretons méridionaux, comme le Morbihan, qui naguère étaient orientés vers le pays nantais (avec en plus cette coquetterie : faire cotiser très cher la Région pays-de-la-Loire pour le segment de LGV Rennes-Paris entre Sablé et Laval !).
Bref, Nantes risque de se retrouver isolée, sans hinterland, au bout de l'Europe, sans grand aéroport et sans non plus de train à grande vitesse. Un tel déclassement, est-ce bien raisonnable quand nos élites locales se vantent hautement de l'excellence de leurs expertises ?
LGV contre NDDL : un contraste de méthode, et un derby breton dont on n'a pas fini de parler.


2 commentaires:

  1. Je tiens à apporter une petite nuance : le pays nantais n'aurait pas à supporter seul le prix du partenariat public privé avec Vinci : les deniers publics de l'Etat, de la Région Bretagne, et je crois aussi des 4 départements de la Bretagne administrative, sont aussi engagés.

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  2. Certes, mais il faut saluer le tour de force des Rennais, qui tout en ne misant pour Notre-Dame-des-Landes que quelques dizaines de millions, se font offrir deux milliards par la collectivité locale pour leur LGV (un premier milliard au nom du Grenelle de l'environnement, et un autre réglé par le Réseau ferré de France).

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