Ne
dites pas que c'est à cause de notre action de samedi dernier et de
notre communiqué, mais le quotidien Ouest-France devrait publier demain
mardi 4 mars en pages locales Nantes une enquête sur le projet
d'aménagement de la Petite-Hollande, ce cadre unique et historique
d'ouverture vers le grand large.
J'ai eu le journaliste tout à l'heure, très aimable, et je lui ai confirmé nos péripéties de samedi,
et le fait que l'une d'entre nous (Olli) a déniché entre temps sur le
Bulletin officiel des annonces publiques les noms des deux entreprises
d'aménagement qui ont déjà remporté le marché de l'expertise d'urbanisme
commercial de ce projet, qui est donc plus qu'avancé, même si on nous
cache bien des choses.
Il est à craindre que le marché
multiculturel du samedi, un miracle d'équilibre humain, soit
provisoirement évacué le temps des travaux (qui seront considérables :
il faudra planter des pieux dans l'ancien lit de la Loire, au mépris de
la forme profonde de notre ville) et qu'ensuite il soit tentant de ne
plus jamais le faire revenir. Sous prétexte de forcer les gens à aller
sous les nefs de l'Eléphant. Nous avons appris que des commerçants du
quartier Petite Hollande n'osent parfois plus prolonger leur bail, étant
dans l'incertitude sur le destin de ce marché du samedi matin, vital
pour eux.
Nous avons aussi appris que l'équipe municipale n'a
pas fini de fragiliser les habitudes de sociabilité des Nantes et leurs
circuits de vie des gens ordinaires : Ainsi, il est question de bétonner
le bassin du square Fleuriot, pour construire, encore ! (entre place
Royale et Commerce, face au restaurent l'Entrecôte.)
Certes ce
bassin n'était pas très joli, mais il était perfectible et offrait une
halte tranquille aux gens très pauvres et aux jeunes, qui ont déjà été
chassés du Bouffay, suite au rapt hypocrite des halles (dont on nous
avait pourtant promis le retour)
Il est à craindre que cet
urbanisme à la hussarde, dévoué coûte que coûte à la gentrification
bétonnée du centre, ne finisse par provoquer des poches d'angoisse
sociale, d'exclusion, et donc de violence et de délinquance. Espérons au
moins que ce n'est pas le but recherché.
Par ailleurs, on voit
bien l'obsession croissante de nos élites PS à "jouer au lego" avec la
ville, comme si nous étions des figurines déplaçables dans un décor
interchangeable à volonté, avec ses quartiers dédiés technocratiquement
sans souci de l'histoire ni de l'esprit des lieux : quartier des
"plaisirs" au Hangar à bananes, quartier de "la création" (ne pas rire)
dans le nouveau centre dysneylandisé sur l'Ile, qu'ils n'arrivent pas à
animer, quartier de la "santé" (ne pas rire non plus : c'est écrit dans
le programme municipal de Johanna Roland : autour du futur hôpital
catastrophique, etc).
Ainsi, il est prévu un autre chantier
inutile et coûteux : créer un parking pharaonique à l'emplacement de
l'Ecole des Beaux-arts déplacée pour loin, dans un lieu pourtant situé
juste à côté du parking Decré déjà existant. Comprenne qui pourra.
(Espérons au moins que la direction municipale de l'archéologie aura le
courage de ne pas détruire ou de bétonner les strates gallo-romaines
comme ça a été fait pour les vestiges médiévaux situés sous la cour du
Château-des-Ducs et rue des Petites-Ecuries.) Et puis une question : qui
paiera tout ça ? Et pourquoi tout ça ?
On ferait mieux avec
l'argent public d'apaiser les tensions en allant vers la gratuité des
transports pour les scolaires, et de réconcilier vraiment les Nantais
avec l'eau fluviale et maritime en créant un vrai réseau de navigation
en vaporetto, comme à Venise.
Affaires à suivre.
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